Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : G:\Ebooks\Fabrication\00TeamAlexandriz\McNEILL,Graham-L'Hérésie d'Horus, Tome 8 Mechanicum Le savoir c'est le pouvoir (2009)\05 McNEILL,Graham-L'Hérésie d'Horus, Tome 8 Mechanicum Le savoir c'est le pouvoir (2009)pour epub_fichiers\image024.jpg

3.03

 

Après sa théâtrale déclaration, l'adepte Semyon baissa les bras et passa devant Rho-mu 31 pour aller chasser Zouche et Caxton du voisinage de sa machine. Il effectua quelques réglages sur les cadrans et pressa quelques boutons, mais il ne se passa rien, ou du moins rien de visible. L'air déçu, mais pas réellement surpris, il haussa les épaules.

— Qu'est-ce que c'est que cette machine ? lui demanda Zouche. Un genre d'émetteur de rayon de conversion ?

— Peuh ! C'est trop complexe pour être compris par des gens de votre acabit ! répondit sèchement Semyon. Mais juste pour votre gouverne, il s'agit de mon invention personnelle, une machine à décharge gazeuse à perturbation variable. Elle produit une excitation du champ électrique pulsatile, ce qui lui permet de mesurer la résonance électrophotonique. Ce que les individus les moins éduqués nomment des auras.

— Ces images ? intervint Dalia. C'est la machine qui les a créées ?

— Absolument, répondit l'adepte sans relever les yeux. Absolument, bien qu'il m'ait fallu déployer des efforts considérables pour convaincre les sujets des images de se soumettre volontairement au processus.

— Et pourquoi donc ? lui demanda Zouche.

Semyon pointa le doigt sur l'ombre imprimée sur la dalle dressée à la verticale.

—Vous voyez ça ? dit-il. C'est tout ce qui reste du sujet une fois l'appareil activé.

— Ça les tue ? souffla Dalia, horrifiée.

— C'est bien cela, acquiesça Semyon avec un petit gloussement. Mais ce genre de chose est parfois nécessaire pour faire tenir le dragon tranquille.

—Vous savez où se trouve le dragon ? lui demanda Dalia. Pouvez-vous nous y conduire ?

Semyon éclata d'un rire aigu, proche de l'hystérie.

—Vous y mener ? N'a-t-elle pas compris qu'il est tout autour d'elle, qu'elle marche dans la gorge du dragon en cet instant même ?

— Il est fou, ce type-là, affirma Zouche. Il a passé trop de temps dans la solitude, ça lui a laminé le cerveau.

— Non, s'exclama Dalia avec une conviction forcenée. Ce n'est pas le dragon. Amenez-nous à lui. Maintenant !

Ses amis la regardèrent tous en entendant le ton de commandement de sa voix. Même Semyon battit des paupières, surpris. Il plissa les yeux et regarda Dalia avec plus d'attention, comme s'il la découvrait pour la première fois.

Enfin, il lui sourit largement puis hocha la tête et remonta son capuchon sur ses cheveux clairsemés.

—Très bien, répondit-il enfin, d'une voix dans laquelle toute trace de folie avait disparu. Suivez-moi, et je vous montrerai le dragon.

 

Accompagné de son inquiétant serviteur, il les guida vers le couloir obscur qui s'ouvrait au bout de la chambre et leur fit traverser une succession de tunnels sinueux. L'obscurité fit bientôt place à une clarté diffuse qui semblait encore provenir des murs.

Ici aussi, les parois étaient totalement lisses, mais au lieu d'avoir l'aspect d'une pâte de verre, elles semblaient faites de l'argent le plus pur. Semyon poursuivit son chemin à grands pas décidés dans les tunnels de ce surprenant labyrinthe, tournant apparemment au hasard, mais refusant de répondre à toutes les questions relatives à leur itinéraire.

Zouche expédia un coup de coude dans les côtes de Dalia.

— Quel que soit l'endroit où il nous emmène, n'oublie pas ce dont nous avons parlé sur le levmag, souffla-t-il sur un ton d'avertissement.

— Qu'est-ce que tu disais ? demanda Caxton.

— Rien, répondit Dalia. C'est juste Zouche qui fait un peu de paranoïa.

— Paranoïa, hein ? répéta Zouche en souriant. Tu me répéteras ça quand tu te feras dévorer par ce dragon, Dalia. On verra qui est le plus parano des deux, pas vrai ?

Finalement, ils aboutirent sur une large corniche accrochée en hauteur, sur le pourtour d'une caverne aux éblouissantes murailles argentées. Devant ce spectacle et l'immensité de la cavité, Dalia pensa immédiatement être arrivée dans le cœur creux de la planète. C'était la plus grande excavation souterraine qu'ils n'aient jamais vue, même en imagination. Elle montait à une hauteur prodigieuse et plongeait vers des profondeurs insondables, et ses parois scintillantes s'incurvaient de chaque côté de la corniche, formant l'amphithéâtre le plus démesuré qu'il soit possible de concevoir.

— Contemplez le dragon ! s'exclama Semyon en se plaçant devant un pupitre de bois si ordinaire qu'il en paraissait incongru dans cet environnement.

Sur le pupitre était posé un gros livre à la couverture de cuir usée, avec une plume et un encrier d'une grande simplicité.

Dalia se pencha sur la vaste caverne argentée, s'attendant presque à voir surgir une immense bête ailée d'une tanière cachée.

Elle jeta un regard à Caxton et Rho-mu 31 qui lui répondirent tous les deux d'un haussement d'épaules, l'air aussi perplexe qu'elle-même. L'œil vitreux, le regard lointain, Séverine s'approcha prudemment du rebord du promontoire sur lequel ils se tenaient.

— Séverine, fais attention, lui lança Zouche en regardant par-dessus le rebord. La chute est longue.

— Cet endroit est très... étrange, répondit Séverine avec un tremblement dans la voix. Est-ce que vous le sentez comme moi ?

Dalia vit qu'elle regardait au loin dans la caverne, papillotant rapidement des paupières et secouant la tête comme pour chasser une pensée importune.

— Si le dragon est enchaîné quelque part ici, je pense que c'est normal que nous ayons une sensation un peu étrange, répondit Dalia.

Elle regarda les parois d'en face, mais elle avait du mal à fixer son regard sur leur surface réfléchissante.

— Non ! insista Séverine en lui indiquant l'immensité argentée et scintillante. C'est autre chose. Les angles et les perspectives... tout est... de travers ! Regardez !

Comme si les paroles de Séverine avaient brusquement libéré un aspect caché de la caverne, chacun d'eux poussa un cri lorsque l'impossible géométrie du lieu leur fut révélée dans toute son horreur, alors que leurs fragiles sens humains n'avaient pas été capables de la percevoir jusqu'à cet instant.

Déséquilibrée, assaillie par un vertige soudain, Dalia battit des paupières et s'accrocha au bras de Rho-mu 31 pour ne pas tomber. Ses yeux lui disaient que la paroi opposée de la caverne se trouvait à une distance impossible, mais son cerveau ne parvenait pas à concilier ce qu'elle voyait et ce que son esprit analysait.

Les angles étaient impossibles, la géométrie dévoyée. La distance ne signifiait plus rien, et la perspective était un mensonge. En une fraction de seconde, chacune des lois de la normalité bascula, et l'ordre naturel de l'univers se renversa pour donner naissance à cette vision nouvelle et terrifiante de la réalité. La caverne semblait palpiter dans toutes les directions à la fois, compressant et contractant l'espace d'une manière irréalisable, tandis que la roche ondoyait comme elle n'aurait jamais dû pouvoir le faire.

C'était tout sauf une caverne. Cet espace tout entier, avec ses parois, son plafond, son atmosphère et chacune des molécules qui en faisaient partie, était-il un élément d'une vaste intelligence, d'une créature ou d'une création emplie d'une antique malveillance, dotée de pouvoirs aussi primordiaux que phénoménaux ? Une telle créature ne pouvait avoir de nom ; quelle aurait été l'utilité d'un nom pour un être qui avait accouché de civilisations entières pour les faire disparaître d'un souffle, par pur caprice ? C'était une entité qui parcourait déjà la galaxie des millions d'années avant que l'humanité ne soit qu'un soupir dans la bouche de son créateur, elle avait bu au cœur des étoiles et avait été adorée comme une divinité par les habitants d'un millier de galaxies.

Elle était partout et nulle part. Toute puissante et prisonnière en même temps.

La monstrueuse horreur de cette existence menaçait de faire éclater les remparts de son esprit, et Dalia baissa désespérément les yeux sur ses pieds afin d'essayer de se convaincre que les lois de la perspective existaient toujours pour son propre corps. Face à cette impossibilité infinie, son existence n'avait plus aucune signification, mais elle espérait qu'une petite victoire lui permettrait de se raccrocher à sa raison fracturée.

— Non, murmura-t-elle en sentant sa prise sur la réalité tridimensionnelle de son environnement lui échapper. Au bout de ses jambes, ses pieds semblaient s'étirer vers l'infini. Submergée par le vertige, elle tomba à genoux et sa vision se déploya et se dilata. Dans la même fraction de seconde, l'intérieur de la caverne lui parut soudain aussi vaste que l'univers et aussi compressé que la plus minuscule de ses singularités.

Devant cette réalité distordue, elle sentit les fondements de sa raison commencer à se déliter. Son cerveau ne parvenait pas à absorber la surcharge sensorielle.

Une main empoigna fermement la manche de sa robe, et elle leva les yeux vers le visage sérieux et ridé de Zouche. Elle haleta, et l'univers retrouva sa cohérence d'un seul coup, comme si le petit technicien constituait une ancre de stabilité dans un océan de folie.

— Ne regarde pas ça, lui conseilla-t-il. Concentre-toi sur moi !

Dalia hocha la tête. Elle se sentait anesthésiée par la perspective violentée, la totale aberration de la disposition des parois de la caverne et surtout par la chose qui se dérobait aux regards derrière tout cela. Comment avait-elle pu ne pas le remarquer ? Comment ses sens étaient-ils parvenus à l'abuser durant le temps où ils essayaient d'intégrer la totale impossibilité de ce qu'elle voyait à présent ?

Même maintenant, en ayant pris conscience de la distorsion de ce qu'elle ressentait et percevait, elle se sentait toujours en proie au vertige. Écoutant le conseil de Zouche, elle se concentra uniquement sur son visage loyal.

Les yeux fermés, elle prit une série de profondes inspirations avant de se relever et de se retourner face à Semyon, qui se tenait toujours à côté du pupitre. L'adepte en robe sombre et son énorme serviteur de combat formaient un îlot de stabilité et de réalité au milieu du chaos que lui montrait sa vision brouillée. Elle se concentra sur lui et se rendit compte que plus elle se focalisait, plus son cerveau forçait l'anarchie des angles et de la géométrie insensée à retrouver une apparence de normalité.

Elle sentait toujours le puissant tumulte de la folie derrière le voile de rationalité ténu élevé par son esprit, mais elle repoussa ces pensées vers les régions les plus reculées de son intellect.

Caxton gisait à ses pieds, recroquevillé en position fœtale, les paupières étroitement fermées, et un mince filet de bave lui coulait de la bouche. Rho-mu 31 avait posé un genou en terre, comme en prière, et il s'agrippait de toutes ses forces à son bâton, luttant contre les visions affolantes qui lui avaient envahi l'esprit.

Séverine se tenait immobile, à l'endroit où elle se trouvait lorsque Dalia l'avait vue pour la dernière fois, les yeux fixés sur l'extrémité de la corniche de l'autre côté de la vaste étendue de la caverne.

— Je comprends, dit Dalia à Semyon. Le dragon... je ne sais pas ce qu'il est, mais je sais où il est.

— Vraiment ? lui répondit Semyon. Dites-le-moi.

— Cette caverne... et tout ce qu'elle contient. C'est lui. Ou du moins une infime partie de lui.

Semyon acquiesça de la tête.

— Une tombe et une prison, dit-il.

— Comment ?

Il lui fit signe d'approcher le pupitre et ouvrit le livre.

— Regardez. Comprenez.

D'un pas hésitant, Dalia s'avança, envahie du même étrange sentiment d'inéluctabilité qui s'était emparé d'elle durant leur voyage en levmag. Elle eut soudain la conviction qu'elle était destinée à faire ceci, que toute sa vie n'avait servi qu'à la conduire jusqu'à ce moment précis.

Parvenue devant le pupitre, elle baissa les yeux sur le grimoire. Les pages étaient couvertes de la petite écriture serrée et sibylline d'un homme rendu fou par le fait d'avoir trop de choses à dire sans disposer d'un espace suffisant pour les écrire. Tout cela n'avait aucun sens pour elle. C'était un langage trop archaïque, les caractères étaient trop petits, trop tassés.

À l'instant où elle s'apprêtait à dire à Semyon qu'elle ne parvenait pas à lire son écriture, il lui attrapa les mains pardessus le livre et les serra dans une poigne d'acier, tandis que les pages se mettaient à tourner furieusement dans un brouillard de parchemin.

— Non... je vous en prie... souffla-t-elle sur un ton suppliant. Je n'en veux pas !

— Moi aussi, c'est ce que j'ai dit, répliqua Semyon. Mais il ne se soucie pas de ce que nous voulons. C'est notre devoir.

Dalia sentit le feu inhumain qui embrasait le sang de Semyon la brûler à travers les paumes de ses mains. La douleur était insoutenable, mais ce n'était rien comparé à la terreur qui montait en elle à mesure qu'elle découvrait les abominables vérités qui dormaient dans les profondeurs immortelles de ses yeux.

Elle essaya de détourner le regard, mais ses yeux l'en empêchèrent.

Sa peau luisait d'une pure lumière dorée.

— Regardez-moi au fond des yeux et voyez la destinée du dragon !

Un terrifiant raz-de-marée de savoir la submergea alors, et Dalia vit la connaissance dans sa totalité.

 

Tandis que les compagnies de Sigismund se posaient à Mondus Occulum, le reste des forces expéditionnaires impériales combattait déjà sur toute la surface de la planète rouge.

Après un rapide déploiement dans l'ombre de Pavonis Mons, sous le feu ennemi, treize compagnies d'hoplites saturniens s'avancèrent en direction des lignes de circonvallations qui entouraient la forge d'Ipluvien Maximal.

Au début, les soldats de Saturne progressèrent rapidement, protégés par leurs armures lourdes qui leur permettaient de supporter les tirs de l'arrière-garde ennemie. Toutefois, au bout de quelques heures, une horde de skitarii surgit des crevasses de la Gigas Fossae pour les attaquer par le flanc.

Des centaines d'hommes expiraient avec chaque assaut, et chacune de ces créatures de cauchemar taillait des sillons dans les rangs des soldats impériaux horrifiés, avant d'être finalement abattue. Semblables à d'énormes scarabées, avec leur échine arrondie, leurs armures hérissées de pointes et leurs bras d'armes sifflant et crachant, des serviteurs se ruaient à l'attaque, libérant des vagues de lumière incandescente qui déferlaient avec des hurlements de banshee et incinéraient aussi bien les hommes que les véhicules blindés.

D'étranges tanks arrivèrent, trottant sur des jambes arachnoïdes qui leur permettaient d'enjamber les épaves des véhicules détruits et découpant la chair et les armures à chaque coup de leurs pinces énergétiques crépitantes. En quelques minutes, l'avancée des impériaux commença à tourner à la catastrophe, menaçant de se transformer en déroute, jusqu'à ce qu'une compagnie de tanks superlourds apparaisse, se frayant un chemin au centre des lignes impériales, et commence à déchiqueter de leurs énormes canons les abominables hordes corrompues.

Encouragées par le soutien d'un si grand nombre de colossales forteresses roulantes, les forces saturniennes se regroupèrent, encerclèrent rapidement la contre-attaque ennemie et l'écrasèrent sans pitié. Ayant enfin sécurisé leurs flancs, les soldats impériaux, épuisés et meurtris, reprirent leur avancée afin de rompre le siège autour de la forge de Maximal.

Plus au sud, deux compagnies d'Impérial Fists et quatre régiments de grenadiers joviens, menés par le capitaine Camba-Diaz, se posaient à Mondus Gamma mais, contrairement aux guerriers de Sigismund arrivés à Mondus Occulum, ils n'étaient pas les bienvenus.

Tandis que Sigismund était occupé à récupérer le plus possible de munitions pour les rapatrier sur Terra, près de deux mille appareils (des Stormbirds, des Thunderhawks et des navettes de l'armée) s'abattaient sur Mondus Gamma en profitant de la couverture que leur procurait une tempête de cendres poussées par les vents depuis la Solis Planum. Après une furieuse canonnade et une volée de missiles, les attaquants se frayèrent un chemin jusqu'à l'intérieur du centre de production de la factorum de la sous-ruche sud.

La surprise fut totale. Menés par ces centaines de guerriers en armure dorée, plus de quinze mille soldats impériaux débordèrent les défenses de la forge et s'emparèrent rapidement des temples arsenaux. Ils se déployèrent ensuite et se rendirent maîtres des ateliers et des entrepôts en donnant par la même occasion un magnifique exemple d'assaut et de capture sur objectifs multiples. Aussitôt le site d'atterrissage sécurisé, de gros transporteurs pansus descendirent du ciel. Une armée de serviteurs de rechargement, de surveillants et d'intendants s'attela au déchargement d'une énorme quantité d'armes et d'armures.

Hélas, aussi soudain et brutal qu'ait pu être le débarquement de l'Astartes, les défenses de Mondus Gamma ne tardèrent pas à se dévoiler dans toute leur horreur. Peu après l'atterrissage des transporteurs, les monstruosités de Lukas Chrom entrèrent dans la danse.

Dans une cacophonie de hurlements grinçants, une multitude de robots de combat aux armes auréolées d'une luminescence impie se ruèrent à l'attaque, incinérant et broyant des dizaines d'hommes de leurs lance-flammes et de leurs masses énergétiques, tandis que ceux-ci se défendaient avec l'énergie du désespoir. Une marée d'automates aux visages impassibles, qui combattaient avec une férocité meurtrière et une résolution inébranlable, épaulait ces robots. Les monstrueuses machines parvinrent à ralentir puis à stopper l'avance impitoyable de l'Astartes, fournissant l'occasion qu'ils attendaient aux défenseurs humains de la forge qui se lancèrent dans une féroce contre-attaque.

Surgissant de toutes parts, en phalanges parfaitement coordonnées, des vagues ininterrompues de technogardes hurlants, de serviteurs d'assaut abominablement modifiés et un flot de robots de combat se ruèrent sur l'Astartes et les unités de l'armée. Seules la résolution et la ténacité surhumaines des Imperial Fists leur évitèrent de voir les positions acquises submergées dès les premiers instants de la contre-offensive.

Les soldats impériaux combattaient farouchement, tombant sous les coups de leurs adversaires, tandis que les serviteurs de rechargements et les mécanos se précipitaient afin d'évacuer autant d'armures et de caisses de munitions que possible de la forge en flammes, puis de les charger dans les transporteurs qui attendaient.

Chaque seconde, les victimes se faisaient plus nombreuses, mais Camba-Diaz était conscient qu'il ne s'agissait que d'un faible prix à payer pour pouvoir sauver autant d'armures et d'armes que possible.

La survie ou la chute de Terra dépendait de ce qu'ils parviendraient à accomplir en cet instant et à cet endroit précis.

 

Dalia respirait l'atmosphère chaude et sèche d'un autre monde, parfumée de fragrances épicées venues de terres lointaines et de contrées encore à découvrir. Le paysage de la caverne creusée sous le Noctis Labyrinthus s'était estompé sous ses yeux. Les tracés argentés qui définissaient sa perception rationnelle se fondirent dans l'obscurité, remplacés par les courbes douces d'un désert de dunes et l'immensité d'un ciel d'azur d'une beauté à couper le souffle.

Un souffle brûlant l'enveloppa, et elle haleta, comme frappée par une vague de chaleur échappée de la porte brutalement ouverte d'un haut-fourneau. Le panorama lui paraissait à la fois étrange et familier, et sa frayeur s'évanouit lorsqu'elle comprit soudainement à quel endroit elle se trouvait et à quelle époque.

Elle était debout sur les sables surchauffés d'une haute dune, observant une large vallée au fond de laquelle coulait un fleuve, avec une grande cité aux pierres blanchies par le soleil qui s'élevait sur un plateau de roche noire. Aux portes de la cité, elle aperçut une procession solennelle composée de femmes en blanc qui portaient une litière d'or et de jade, fermée par des voiles de soie.

—Vous savez où vous êtes ? demanda une voix derrière elle.

Elle se retourna. L'adepte Semyon était là.

— Je crois, répondit-elle. C'est l'ancienne Terre. Avant l'Unification.

—Très, très longtemps avant l'Unification, acquiesça-t-il. Les tribus des hommes sont toujours divisées et ne savent rien des gloires et des périls qui peuvent exister en dehors de leur monde.

— Et quelle est cette cité là-bas ? demanda Dalia.

— Vous pensez toujours en termes si prosaïques, ma petite fille, gloussa Semyon. Nous sommes toujours dans la caverne du dragon. Tout ceci résulte uniquement de l'influence du livre sur les centres de perception de votre esprit, de manière à vous montrer ce qui doit vous être montré. Mais pour répondre à votre question, la ville s'appelle Cyrène, et ce que vous voyez est une représentation d'une contrée autrefois connue sous le nom de Libye. C'est une terre très ancienne, et le peuple que vous voyez là est loin d'être le premier à l'avoir colonisée. Les Phéniciens s'y sont installés les premiers, puis les Grekans, les Romains et finalement les Arabii. Enfin, pas vraiment finalement, mais ce sont eux qui gouvernent ces terres au moment où nous nous trouvons.

— Et à quelle époque sommes-nous ?

—Ah. Eh bien le texte n'est pas très clair, mais je pense que ceci s'est produit quelque part entre le onzième et le douzième siècle.

— Il y a si longtemps.

— Bien longtemps pour la plupart des gens, admit Semyon. Sauf pour lui, peut-être.

— Je ne comprends pas, dit Dalia. De qui parlez-vous ?

— Aucune importance. Vous comprendrez bien assez tôt.

Dalia lutta contre son agacement devant la réponse évasive de Semyon.

— Donc nous ne sommes pas réellement là, et il s'agit juste de ce qui se trouve dans le livre ?

—Vous commencez à comprendre.

— Qui sont ces femmes, alors ? dit Dalia en pointant le doigt sur la procession qui descendait la pente de la route de terre battue et prenait la direction d'une longue crevasse qui s'ouvrait dans le sol et d'où s'échappait un brouillard méphitique.

— Ce sont les suivantes de la fille du roi de Cyrène, Cleodolinda, et elles la conduisent au sacrifice. Dans cette blessure ouverte dans le sol habite le dragon, une redoutable créature récemment éveillée après une terrible guerre contre ses semblables. Il a cherché refuge sur ce monde pour se nourrir et reprendre des forces.

— Le dragon.

— Oui, le dragon, répéta Semyon. Il a massacré tous les chevaliers de la cité et il exige chaque jour le sacrifice d'une jeune et belle vierge. Il se repaît de leur terreur qui le rend plus fort à chaque fois qu'il se nourrit, mais toutes les jeunes filles de Cyrène sont mortes. Il ne reste plus que la fille du roi, et aujourd'hui elle doit marcher à la mort.

— Pouvons-nous faire quelque chose ?

Semyon soupira.

— Ne pouvez-vous pas vous mettre en tête que tout ceci s'est déjà produit, ma petite ? Ce que nous voyons là, c'est l'antiquité, la naissance d'une légende qui se répercutera au fil des âges, sous une forme ou une autre, pour l'éternité. Regardez !

Se tournant dans la direction qu'il lui indiquait du doigt, Dalia vit un chevalier solitaire, en armure dorée et casque à plumet écarlate, qui galopait pour rattraper la procession, monté sur un puissant destrier noir comme la nuit. Au bout de sa longue lance faite d'argent pur flottait un long pennon rouge et blanc orné d'un aigle qui prenait son envol en serrant un éclair dans ses griffes.

— Qui est-ce ? demanda Dalia, bien qu'elle le sût déjà.

— À cet instant précis du temps, on le connaît comme l'un des soldats de l'empereur Dioclétien, un homme qui a obtenu de grands honneurs dans l'armée et qui traverse la Libye pour aller rejoindre ses hommes.

Dalia faillit éclater en sanglots à la vue du chevalier, un être dont la présence irradiait de tant de beauté et de loyauté, tellement supérieur à tous les individus qu'elle avait pu voir au cours de son existence, et dont les pouvoirs merveilleux n'avaient pas été amoindris par le passage du temps.

Le chevalier éperonna sa monture, dépassa rapidement la procession et continua au triple galop en direction de la crevasse ténébreuse qui s'ouvrait dans le sol. À peine avait-il eu le temps d'arrêter son destrier et de passer son bouclier à son bras que le dragon surgit de son antre avec un rugissement à assourdir le tonnerre.

Dalia se couvrit la bouche des deux mains et poussa un cri devant la forme monstrueuse du dragon. Il ressemblait à la fois à une bête rampante et à un abominable oiseau. Sa tête écailleuse était énorme, et sa queue faisait vingt mètres de long. Son corps ailé et terrifiant était couvert de grandes écailles si solides, si luisantes et si bien polies qu'elles ressemblaient aux plaques de l'armure d'un chevalier.

Sa poitrine rayonnait de l'éclat d'étoiles dévorées, et un feu malfaisant illuminait ses yeux.

Le chevalier bondit, frappant le monstre de sa lance, mais les écailles étaient si dures que son arme se brisa en mille morceaux. Faisant cabrer son cheval, il assena un violent coup d'épée à la bête, mais le monstre le frappa de ses griffes acérées comme des lames de faux. L'armure du chevalier se fendit, et Dalia vit un ruisseau cramoisi lui couler le long de la jambe.

Le dragon se dressa devant son adversaire, immense, et il lui porta des coups terribles, mais le chevalier les détourna de son bouclier. Il voulut plonger son épée dans le ventre du dragon, mais les écailles du monstre étaient comme des plaques d'acier qui ondoyaient comme un mercure liquide, sans se briser sous les attaques. Enragé, le dragon se déchaîna contre le chevalier et sa monture. Ses yeux jetèrent des éclairs sur son adversaire. Le casque du chevalier roula au loin, et Dalia vit son visage lumineux, pâle, irradiant d'une lumière intérieure. Il frappa encore, et son visage rayonna d'une clarté plus vive, si vive que l'on eut dit la lumière d'un soleil naissant.

Le dragon s'enroula alors autour du chevalier, griffant et mordant son armure, beuglant déjà son triomphe. C'est alors que, comme si cette pensée lui était venue du chevalier lui-même, Dalia vit que dans toutes ses contorsions, le dragon cherchait toujours à protéger une partie de son corps, un endroit situé sous l'aile gauche.

— Frappe, guerrier, frappe là ! cria-t-elle.

Comme s'il avait entendu ses paroles, le preux se pencha et se fendit, plongeant son épée dans le corps du dragon avec un puissant cri de guerre.

La créature laissa échapper un rugissement si assourdissant que les pierres des remparts de la ville en tremblèrent. La clarté s'estompa dans sa poitrine, son étreinte se desserra et la fulguration de ses yeux s'éteignit tandis que la grande bête s'effondrait sur le sol.

Voyant que le dragon était à sa merci mais qu'il n'était pas mort, le chevalier détacha la longue bannière blanche de sa lance brisée et la noua autour du cou du monstre.

Ayant subjugué la bête, il se tourna vers les suivantes de la princesse, muettes de stupeur, et vers le peuple de la cité qui accourait des portes, fou de joie. Il leva la main pour leur imposer le silence, et sa présence et le rayonnement qui émanait de lui étaient tels que tous ceux qui le voyaient se turent aussitôt.

— Le dragon est vaincu ! cria le guerrier. Mais il est au-delà de mon pouvoir de le détruire. Je vais donc l'enchaîner et l'emmener loin d'ici, ensuite je l'enfermerai dans les ténèbres où il demeurera jusqu'à la fin de toutes choses.

Sur ces mots, le chevalier s'en alla sur son destrier, suivi du dragon enchaîné, laissant derrière lui la ville et ses habitants aussi immobiles que dans une peinture.

 

L'image de la cité et du désert resta ainsi, figée dans le temps, et Dalia se tourna vers Semyon.

— C'est tout ?

— C'est tout ce dont se souvient le dragon, oui, répondit Semyon, ou du moins c'est l'une des versions de ses souvenirs. Parfois, il est difficile de différencier le vrai du faux. J'écoute ses rugissements de haine impuissante tandis qu'il observe l'univers depuis sa geôle sur Mars et qu'il écrit ce que lui inspirent ces visions, celle de l'Empereur «abattant» le dragon de Mars... Le grandiose mensonge de la planète rouge et la vérité qui secouerait la galaxie si elle venait à être connue. Toutefois, la vérité, comme toutes choses, est une cible mouvante. Le réel et l'imaginaire dans tout cela... Ah, qui peut se vanter de le savoir ?

Dalia se tourna vers l'horizon, dans la direction où avait disparu le chevalier.

— Donc c'était... ?

— L'Empereur ? Oui, répondit Semyon en se détournant et en s'éloignant, tandis que le paysage désertique commençait à s'effilocher. Il a amené le dragon vaincu sur Mars et l'a emprisonné sous le Noctis Labyrinthus.

— Mais pourquoi ?

— L'Empereur voit des choses qui nous sont invisibles, répondit simplement Semyon. Il connaît le futur et nous guide. Une impulsion ici, une prophétie toute préparée pour annoncer sa venue là, les débuts du mouvement transhumaniste, une impulsion afin que l'humanité évolue et passe de sa simple compréhension de la science à sa totale maîtrise...

Tout cela se fait suivant ses desseins. Il œuvre afin d'amener la glorieuse union dans un futur où les forges de Mars le reconnaîtront comme la divinité qu'elles attendent depuis d'innombrables siècles.

— Vous voulez dire que c'est l'Empereur qui a orchestré l'évolution du Mechanicum ?

— Évidemment. Il savait qu'un jour, il aurait besoin d'une organisation aussi puissante pour le servir, et ce sont les rêves du dragon qui ont donné naissance aux premières machines des prêtres de Mars. Sans le dragon, il n'y aurait pas eu de Mechanicum, et sans le Mechanicum, le grand rêve de l'Empereur, l'unification de la galaxie pour l'humanité, se serait flétri sur le sarment qui l'a porté.

Dalia essaya d'imaginer l'échelle inconcevable des desseins de l'Empereur, la clarté d'une vision qui pouvait mettre en action des projets qui ne porteraient leurs fruits que vingt mille ans après. L'idée que quiconque, et même l'Empereur, puisse avoir orchestré si soigneusement et si précisément le destin de tant d'êtres avec autant d'habileté et de froide insensibilité était tout simplement ahurissante.

L'énormité de cette supercherie était au-delà de toute mesure, et l'inhumanité qu'elle supposait la laissait sans voix. Mentir à un si grand nombre de gens, modeler le destin d'une planète pour l'assujettir aux projets d'un seul homme, même un être aussi noble que l'Empereur, était un crime si monstrueux que son esprit se refusait à accepter une calomnie aussi abominable.

— Si la vérité paraissait au grand jour, souffla Dalia, le Mechanicum s'effondrerait.

Semyon secoua la tête. Les derniers vestiges des sables de l'ancienne Libye s'évanouirent dans les airs et laissèrent place à l'obscurité tout autour d'eux.

— Non seulement le Mechanicum, mais l'Imperium tout entier. Je sais que tout cela est un fardeau terrible à porter, mais le traité d'Olympus a lié les destinées du Trône et de la Forge pour constituer une union qui ne doit jamais être rompue. Aucun des deux ne pourrait survivre sans l'autre, mais si ce que vous venez d'apprendre devait être connu, alors tous ceux qui considèrent que la vérité est le plus sacré de tous nos biens l'oublieraient et ne verraient plus que la sauvegarde de leur propre cause. Quoi qu'il en soit, le Mechanicum a déjà commencé à se déchirer, mais les horreurs qui résultent de la trahison du Maître de Guerre ne seront rien si Mars et Terra décident d'entrer en guerre.

Semyon fixa Dalia du regard, avec une telle compassion qu'elle en frissonna.

— C'est le devoir des gardiens du dragon, des âmes choisies par l'Empereur, de s'assurer que cela ne se produira pas.

— C'est vous qui tenez le dragon enchaîné ? demanda Dalia.

Les contours de son environnement commençaient à réapparaître.

— Non. Le dragon est retenu par des chaînes bien plus puissantes que tout ce qu'un individu comme moi pourrait être capable d'inventer. Les gardiens sont uniquement là pour maintenir ce que l'Empereur a forgé, expliqua Semyon. Il savait qu'un jour viendrait où les rejetons perdus du dragon chercheraient à retrouver le lieu de son emprisonnement, et nous sommes là pour nous assurer qu'ils n'y parviendront pas.

—Vous dites « nous», mais je ne suis pas une gardienne, répliqua Dalia sur un ton méfiant.

— Vous n'avez pas encore deviné pour quelle raison vos pas vous ont conduite jusqu'ici, jeune fille ?

— Non ! souffla Dalia tandis que Semyon lui prenait les mains.

À l'instant où il la toucha, Dalia poussa un gémissement de douleur. Le monde se remit en place autour d'elle, et elle se retrouva debout devant le pupitre, dans l'immense caverne argentée.

Elle essaya de se libérer, mais Semyon la retenait d'une poigne de fer. Elle plongea son regard dans ses yeux, deux étangs sans fond où dormait le fardeau de plus d'un millénaire ainsi qu'une loyauté et un honneur plus grands que tout ce qui se pouvait trouver dans la galaxie.

— Je suis navré, lui dit doucement Semyon, mais mon existence, bien qu'elle ait été immensément étendue, touche à présent à sa fin.

— Non !

— Si, Dalia. Vous devez à présent accomplir votre destinée et devenir la gardienne du dragon.

 

Elle sentit la chaleur des mains de Semyon se répandre dans sa chair, une clarté dorée qui la combla d'un bien-être à nul autre pareil. Elle voulut pousser un cri d'extase en sentant chacune des fibres déclinantes de son organisme se gonfler d'une vie nouvelle, chaque cellule en dégénérescence, chaque portion de son être s'épanouir, imprégnée d'une puissance dont elle n'aurait jamais rêvé.

Son corps renaissait à la vie, sous l'influence d'un fragment de la puissance et du savoir d'un individu singulier entre tous. Cette puissance et ce savoir avaient traversés les âges, transmis de gardien en gardien au fil des millénaires, et à présent ce fardeau et cet honneur lui étaient offerts en cadeau alors qu'elle n'avait rien demandé. Armée de ce savoir, elle comprit, et la colère qu'elle avait ressentie à l'idée du mensonge de l'Empereur fut balayée lorsqu'elle vit l'horrible destin que connaîtrait la race humaine si elle devait être privée de sa direction.

Elle comprit la détermination et la ténacité impitoyable dont il devait faire preuve pour conduire sa race tout entière sur l'étroit chemin de la survie, un chemin qu'il était le seul à pouvoir voir ; elle vit son existence, une vie d'où l'amour était banni, où les amis étaient rares et qui se résumait à une éternité de sacrifice.

Elle voulut hurler sous l'afflux de puissance qui menaçait de la consumer, féroce, terrifiante. Elle la sentit brûler tout ce qui faisait d'elle ce qu'elle était. Elle lutta pour s'accrocher à son identité, mais ce n'était plus que la dernière feuille qui s'accroche encore à la branche d'un arbre mourant. Ses souvenirs et la conscience qu'elle avait d'elle-même fusionnèrent pour ne faire plus qu'un avec la destinée que l'Empereur avait décidée pour elle.

Enfin, le brasier rugissant s'éteignit en elle, ayant accompli son œuvre, et elle laissa échapper un immense soupir tremblant en réalisant qu'elle était toujours elle-même.

Elle était toujours Dalia Cythera, et elle était beaucoup plus que cela.

Semyon lui lâcha les mains et recula d'un pas, une expression de soulagement et de satisfaction sur le visage.

— Adieu, Dalia, lui dit-il.

Sa peau prit une teinte grise, et son corps tout entier se désagrégea en une fine poussière dorée, ne laissant que ses robes élimées qui s'affaissèrent sur le sol. Dalia tourna le regard vers l'énorme serviteur qui avait été le compagnon de l'adepte et ne fut pas surprise de le voir tomber en poussière, lui aussi.

En d'autres temps, elle aurait été prise de frayeur devant un spectacle semblable, mais la dissolution de Semyon ne lui inspira rien de plus qu'un sentiment d'accomplissement détaché.

— Dalia, articula Séverine.

Elle se tourna vers son amie. Celle-ci la fixait du regard, une expression de désespoir hystérique sur son visage baigné de larmes de chagrin et d'horreur.

Séverine lui adressa un faible sourire et leva les yeux vers les hauteurs de la voûte.

—Tu m'as montré le dragon, Dalia, dit-elle. Mais j'aurais préféré ne pas le voir.

— Attends ! s'écria Dalia en voyant Séverine s'approcher du vide, à quelques dizaines de centimètres derrière elle.

— Je suppose que c'est une grande miséricorde que nous ne puissions pas voir les abominations qui se dissimulent dans les ombres ni savoir à quel point notre réalité est fragile, poursuivit Séverine en pleurant. Je suis désolée... mais si tu pouvais voir les choses comme je les vois à présent, tu ferais comme moi.

Elle recula d'un pas et bascula dans le vide.

Mechanicum
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